Dermatose nodulaire : « Aucun vaccin n’est efficace à 100 % »
Mardi 2 décembre 2025, 83 bovins vaccinés contre la dermatose nodulaire contagieuse (DNC) ont été abattus à Pouilley-Français (Doubs), à la suite de la détection d’un animal malade dans le troupeau. Kristel Gache, vétérinaire et directrice de GDS France (1), revient sur la présence de cas positifs malgré la vaccination.
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Dans le Doubs, à Pouilley-Français, vendredi 28 novembre 2025, une vache a été testée positive à la dermatose nodulaire contagieuse (DNC), alors qu’elle avait été vaccinée. Jeudi 4 décembre 2025, un communiqué de la préfecture affirme que des prélèvements réalisés par les services de l’État révèlent que trois bovins du cheptel étaient touchés par le virus de la DNC, 15 jours environ après la vaccination. Les vaches ont donc été infectées avant l’acquisition de la protection vaccinale.
Selon Kristel Gache, vétérinaire et directrice de GDS France, « aucun vaccin n’est efficace à 100 % ». La France Agricole l’a interrogée afin de comprendre pourquoi l’animal protégé a tout de même contracté la maladie.
Quelle que soit la maladie, il n’y a aucun vaccin efficace à 100 %. En effet, un animal avec un système immunitaire affaibli peut ne pas produire suffisamment d’anticorps après la vaccination pour empêcher l’infection. Dans le cas du vaccin contre la DNC, l’immunité est assurée à partir du 21e jour suivant l’injection.
Dans le cas de la vache testée positive dans le Doubs, il est donc possible qu’elle ait été piquée par un stomoxe contaminé (grosse mouche piqueuse) après l’injection vaccinale mais avant cette période d’immunité. Il faut également savoir que pour la dermatose nodulaire contagieuse, la période d’incubation est relativement longue : après infection, les premiers signes cliniques peuvent apparaître jusqu’à 28 jours après la piqûre contaminante. Enfin, il est possible que les premiers signes cliniques soient passés inaperçus, retardant ainsi l’appel au vétérinaire.
Même si un cas de contamination plus d’un mois après la vaccination est rare, cela est donc possible. Dans le troupeau abattu à Pouilley-Français, la vache positive était bien atteinte de dermatose nodulaire contagieuse. Aujourd’hui, il existe un test qui permet de déterminer si les nodules sont liés au virus ou s’il s’agit d’un effet secondaire lié au vaccin. L’enquête pour comprendre la contamination est toujours en cours.
Aujourd’hui, rien ne nous laisse penser que le virus a « muté » ou évolué. Le vaccin assure une protection pendant 12 à 18 mois. Dans les zones où la vaccination est mise en place, le nombre de foyers a rapidement diminué, démontrant ainsi l’efficacité du vaccin.
Le plan de vaccination ne sera arrêté qu’une fois qu’il n’y aura plus de virus en France. Pour le moment, la phase de première injection est lancée et le ministère de l’Agriculture évalue les modalités de poursuite de la stratégie vaccinale.
Dans d’autres pays, il a déjà été prouvé que la vaccination constitue un pilier de la stratégie d’éradication. Aujourd’hui, avec la vaccination obligatoire dans un rayon de 50 kilomètres autour du foyer, et si tout le monde respecte les restrictions de mouvements, on peut éradiquer cette maladie du territoire.
Lorsqu’il y a un ou deux animaux qui présentent des nodules, on ne peut pas connaître le statut des autres animaux du lot. Par exemple, ils peuvent être en période d’incubation ou asymptomatiques mais contaminants. L’abattage permet de ne pas prendre le risque que la maladie contamine d’autres élevages.
Dans le cas de la vache du Doubs, la présence de nodules avec résultats positifs signifiait que le virus avait pris le dessus sur les anticorps produits en réponse à la vaccination. Le risque de diffusion ne pouvait pas être exclu.
À la suite d'une décision de l’Union européenne, la dermatose nodulaire contagieuse a été classée comme une maladie de catégorie A, c’est-à-dire qu’elle représente un risque élevé pour la santé animale.
La vaccination est l’un des piliers de la stratégie d’éradication. Le vaccin actuel dispose d’une autorisation temporaire d’utilisation (ATU) qui a permis de simplifier la procédure de mise sur le marché face à l’urgence de lutter contre la DNC.
Aujourd’hui, cette phase de vaccination ne peut pas être étendue à tout le territoire, car il n’est pas possible de distinguer, par une simple prise de sang, un animal vacciné d’un animal contaminé. Cela pousse certains pays tiers à refuser l’importation d’animaux vaccinés.
D’autres mesures viennent en complément de la vaccination comme la surveillance quotidienne des animaux, le respect des restrictions de mouvements, ou encore, comme cela a été le cas dans le Doubs, le dépeuplement des lots d’animaux infectés. Si toutes ces mesures sont respectées, l’objectif d’éradiquer la dermatose nodulaire contagieuse du territoire français est tout à fait atteignable.
(1) GDS : groupement de défense sanitaire.
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